Dans le cadre de la rédaction d'un supplément "Développement Durable" au journal Le Quotidien, à La Réunion en décembre dernier, j'ai été sollicité comme acteur réunionnais du secteur. J'ai donc rédigé un document sur base des 5 questions posées, malheureusement mon texte n'a pu être publié par manque de place. Je vous livre donc ici mon approche en faveur d'une société plus équitable...
1. Quel est votre parcours ?
Les fruits de l'agroecologie au jardin mandala du Tampon... |
2. Quelle est votre implication dans le développement durable ?
Face à la situation de crises
multiples (économique, sociale, environnementale, etc.) à laquelle nous sommes
actuellement confrontés, j’ai pris le parti de m’engager personnellement pour
m’inscrire dans une démarche positive de changements. Je fais ma part (du
colibri).
Au niveau de la région
Bruxelles-Capitale, je suis actuellement président de l’association WORMS
(Waste Organic Recycle & Management Solutions), qui vise à encourager le
compostage et (in)former les bruxellois sur leur responsabilité en matière de
prévention des déchets organiques. Car Bruxelles brûle chaque année plus de
350.000T de déchets ménagers dont 50% sont composés à 80% d’eau… Bref, on
dépense beaucoup d’argent et d’énergie pour brûler… de l’eau ! WORMS promeut donc le
compostage individuel (compost/ vermicompost), et les composts de quartier. En
5 années nous avons accompagné la création de plus de 60 composts de quartier,
formé plus de 70 Maîtres-Composteurs, délivré plus de 40 formations liées aux
techniques de compostage et valorisé des tonnes de déchets organiques sous
forme d’un compost riche et vivant.
Au niveau personnel, je participe
à « Ixelles en transition »,
une « démarche locale, positive,
collective et surtout ouverte à tou(te)s, pour passer à l’action et
construire sans plus attendre le monde que nous désirons ». N’ayant
pas de jardin, je pratique régulièrement la « Guerilla Gardening » qui
consiste à jardiner au pied des arbres et partout ailleurs dans l’espace public
dans le but de végétaliser la ville tout en éveillant les consciences.
En outre, grâce aux nouvelles
technologies, je suis aussi actif à La Réunion où j’interviens régulièrement pour
soutenir l’action de « Band’ Cochon » et encourager le développement de l’agroécologie,
via l’association Arterre. A ma grande satisfaction, nous avons ainsi permis l’ouverture d’un jardin
pédagogique au Tampon, sur le terrain familial. A mes heures perdues, je
partage quelques articles sur mon blog www.lapartducolibri.org et
sur d’autres médias tels que www.reunionnaisdumonde.com
ou http://ile-reunion.pressecologie.com/
3. Au fait, pour vous, le développement durable c'est quoi ?
Pour moi, ce serait un
développement des activités humaines qui s’abrogeraient des contraintes de
« croissance à tout prix » et de « création de valeurs »,
appréciés uniquement à la lumière d’indicateurs obsolètes tels que le PIB. A la
croisée des aspects économiques, humains et environnementaux, le développement
durable permettrait l’émergence d’une société basée sur l’inclusion de tous ses
citoyens, valorisant leur investissement bénévole au sein de la société civile,
favorisant les activités économiques créatrices d’emplois locaux et ce, avec
une attention particulière pour l’agriculture paysanne.
Dans une île où la balance
commerciale est déficitaire de plus de 4,5 milliards d’euros, où le taux de
pauvreté est le plus élevé de France, où le chômage des jeunes culmine à plus
de 50%, et où des pans entiers de l’économie (Agriculture, BTP, tourisme)
dépendent directement ou indirectement de subsides (Europe, collectivités)
potentiellement remis en cause, il me semble urgent et essentiel d’agir sur la capacité
de résilience de notre système socio-économique. Penser l’avenir en terme de réduction
des consommations (biens/énergies), de relocalisation des productions,
d’optimisation des potentiels humains, le tout en favorisant les solidarités
entre générations, entre voisins et entre réunionnais sont des conditions
essentielles à la construction d’une société plus juste.
Vous l’aurez compris, je prône un
réel changement de cap. Je ne pense pas que le développement de notre île passe
par un acharnement thérapeutique, à coups de subsides, envers des filières
agonisantes et sous perfusion. Les solutions archaïques basées sur le
développement des filières à l’export, encouragées par le FMI ou la Banque Mondiale,
ont aussi montré leurs limites. Dans un contexte de concurrence mondiale et de
dumping social, La Réunion
n’a aucune chance de rivaliser avec ses voisins. D’autant qu’une grande partie
de la population manque cruellement de perspectives d’avenir s’inscrivant dans
le cadre d’une vision commune, ambitieuse, et mobilisatrice. Identifions au
mieux nos forces et nos faiblesses pour nous attacher à développer un marché
interne dynamique et puissant, favorable à l’innovation et à la multiplication de TPE/PME. Pour cela il
faudrait revoir certaines positions monopolistes, aboutissant à une forme
d’oligarchie freinant toute évolution.
« Soyons le changement que
nous voulons voir dans le monde » (Gandhi). Il est tant que les
réunionnais prennent conscience de leur potentiel et s’engagent personnellement
pour construire le futur que nous souhaitons pour nous et nos enfants.
4. Sous les trois axes "Ancrage territorial-Développement du
potentiel humain-Valorisation des patrimoines", quelles sont selon vous
les pistes possibles pour la
Réunion ?
La Réunion est pour moi une
pépite brute, qui mérite d’être sublimée ! En effet, de par son statut de
région ultrapériphérique, elle joue un rôle clé dans toute la zone océan indien
et bénéficie de fonds structurels lui permettant un développement sans
précédent.
Sa situation insulaire tropicale
lui permettrait d’espérer pouvoir devenir un modèle mondial de développement
durable, aussi bien dans les domaines de la construction bioclimatique, de la
production des énergies renouvelables, de l’application d’une agriculture moins
gourmande en intrants ,
de la gestion de ses montagnes de déchets et bien d’autres.
La Réunion dispose ainsi de
nombreux atouts. Mais sa richesse principale réside dans sa jeunesse, qui se
trouve malheureusement exclue de la société active ! Nous passons à coté
d’un formidable vivier de compétences et d’énergies qui ne demande qu’à
s’exprimer et qui est trop souvent rabrouée.
Les jeunes ne sont pas un problème, ils sont la solution !
Pour reprendre la formule des « TEDx
Réunion » : Île et temps d’agir !
5. Dans la perspective de ces trois mêmes axes, quelle bonne initiative
de votre pays d'accueil pourrait-on appliquer à la Réunion ?
Pour moi le politique, par le biais
des services publics, doit jouer ce rôle d’impulsion et de soutien des initiatives
citoyennes. Il ne doit pas chercher à en prendre le contrôle, ni à se
l’approprier, mais bien à le soutenir et l’encourager. La région
Bruxelles-Capitale, par exemple, réserve chaque année des enveloppes
budgétaires dédiées à la mise en place de projets citoyens. Ainsi, la région
encourage le développement de « quartiers durables », de
« composts de quartiers », de « potagers collectifs » ou de
« quartiers verts ». Pour y avoir accès les citoyens doivent
s’organiser sous la forme de collectifs qui développent des projets de
voisinages et soumettent un projet commun. Ces dynamiques citoyennes favorisent
l’émergence de communautés de voisinages, basées sur l’échange et la solidarité
et qui aboutissent bien souvent à une envie de s’impliquer un peu plus dans la
vie de la citée. C’est ainsi toute l’ambiance d’une rue, d’un quartier qui s’en
trouve modifiée, créant un climat ouvert et convivial…
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